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La vie sans musique est tout simplement une erreur, une torture, un exil. Nietzsche

La vie sans musique est tout simplement une erreur, une torture, un exil. Nietzsche

"La complainte du violoncelle" est extrait d'un livre en cour d'écriture et qui a pour titre "Les voix du seigneur" titre provisoire (peut-être), bonne lecture.

     Jérôme tourne autour de la table de la salle à manger se demandant comment aborder Arwen sans l’offusquer. Ça fait des jours qu’elle se lamente sur cet album photo, sans manger et commence à avoir des propos sans fondement. Elle qui ne crois en aucune instance divine, commence à parler comme une grenouille de bénitier, comme si d’un coup elle n’avait pas d’autres choix que d’avoir des révélations sur dieu, jésus et ses apôtres. Comme quoi on se raccroche à n’importe quoi, ce qui ne correspondait pas du tout à Arwen.

Jérôme prend son courage à deux mains.

- Est-ce que tu pourrais jouer pour moi ?

Arwen est surprise de la demande de Jérôme.

- Arwen peux-tu jouer du violoncelle pour moi et aussi… pour Mélissa ?

Arwen cesse de pleurer et regarde avec insistance ce pauvre Jérôme. Ses yeux auraient frappé ce pauvre Jérôme, si elle avait pu, parce que son corps n’en avait pas la force non plus ; Arwen, jeune femme qui commence à être l’ombre d’elle même.

- Pourquoi veux-tu que je…

Jérôme s’approche d’Arwen et insiste.

- Est-ce que tu peux…jouer du violoncelle ? pour nous.

Jérôme se met à genoux aux pieds de la jeune femme en lui tenant les mains.

- N…non, non, je ne peux pas, il faut que j… tu comprends, je n’ai pas…oh ! fait chier, pourquoi tu fais ça ? je n’ai pas la force, j’ai tellement mal, tellement…comment veux-tu que…comment veux-tu que Mélissa nous entend, elle m’a quitté, elle m’a…laissé toute seule, elle est morte, Arwen recommence à pleurer, serrant encore plus fort l’album photo.

Jérôme n’écoute pas la jeune femme ou tout du moins ne tient pas rigueur de ces gémissements.

- S’il te plaît, joues, joues pour nous, en plus je ne crois pas que dieu t’en tienne rigueur.

- Tu sais bien que je ne peux pas…il faut…il faut que je me consacre…je peux pas, je peux pas.

- Arwen, s’il te plaie, il faut que tu joues.

Arwen cesse de nouveau de pleurnicher en reniflant bruyamment tout en s’essuyant dans sa manche. Elle se redresse, respire un grand coup et se lève.

 

Depuis combien de temps ne s’était-elle pas dressée sur ses jambes ?

 

Arwen vacille légèrement se laissant tomber plutôt qu’elle ne se rassoit, elle pose l’album photo sur le côté, s’en séparant pour la première fois depuis la disparition de Mélissa.

- Arwen, Arwen, qu’est-ce que tu as, demande Jérôme affolé.

- Ça va, ça va, il faut que je bouge doucement, ça va aller.

- Attends, je vais t’aider

Jérôme aide Arwen à se lever et l’accompagne jusqu’au violoncelle dans l’autre pièce.

 - Tu peux m’apporter un grand verre d’eau ? demande Arwen

Il se précipite dans la cuisine et pendant ce moment d’isolement Arwen scrute l’instrument. Pendant un instant elle ne sait plus comment le prendre et le regarde de haut en bas comme si c’était la première fois qu’elle le voyait. Elle commence tout d’abord par caresser le corps, la table d’harmonie, ensuite Arwen laisse glisser ses doigts sur les cordes et le violoncelle émet un son, comme une complainte, presque un gémissement. Arwen sourit, son esprit se reconnecte avec l’instrument, et ne voit pas Jérôme planté devant elle tenant un verre d’eau. A ce moment là, Arwen est propulsé prés de vingt ans en arrière dans cette grande salle de spectacle, contemplant Jacqueline Du Pré. Arwen sent une présence relève la tête et découvre Jérôme planté devant elle.

- Tiens ton verre d’eau.

Jérôme s’éclipse dans un coin de la pièce se munissant de son appareil photo, ainsi prêt à prendre l’instant recherché qui fait de ces moments là, la photo. Arwen n’ai pas très jolie derrière son violoncelle, affublé d’une guenille lui servant de short et d’un t-shirt beaucoup trop grand, les cheveux gras, accentué par les kilos perdus; une véritable souillon. Arwen vide le contenue de son verre d’une traite, comme pour étancher une soif de plusieurs jours, puis s’empare de l’instrument. La jeune femme écarte les jambes pour accueillir l’instrument, le caressant légèrement au passage. Jérôme croit le sentir vibrer. Elle pince les cordes une à une de façon à s’assurer si l’instrument est toujours accordé, serre légèrement les chevilles, estimant qu’il n’est pas tout à fait accordé, ou tout simplement par principe. Se munissant de l’archer, elle commence timidement à le faire glisser sur les cordes. Les premières notes, depuis longtemps, ressemble à un chanteur aillant le traque et sortant des sons qu’un vieux chat essaierait d’extirper. Arwen se ressaisit en respirant profondément et commence à jouer, d’abord hésitante et maladroite, ensuite les notes deviennent plus clairs, naturelles et enfin les accords sont d’une limpidité cristalline. Arwen à cet instant est belle à en crever.

Comme d’habitude Jérôme reste contemplatif, absorbé par la magie que dégage Arwen et le violoncelle. Les photos qu’il prend ce jour là son magnifique et symbolise la complicité, la connivence unissant Arwen à son violoncelle.

La musique est la langue des émotions. Kant

La musique est la langue des émotions. Kant

     C’est le milieu du printemps, les journées commencent à se réchauffer de plus en plus, au fur et à mesure que l’été approche. Le soleil dardant ses rayons en ce début d’après-midi, s’est invité par la fenêtre grande ouverte de l’appartement. Comme d’habitude les gens aux alentours cessent leurs activités un instant, dans les appartements jouxtant celui de la jeune femme, jusqu’au pied de l’immeuble et même au-delà, juste pour écouter cette musique divine que déverse Arwen et son violoncelle par cette fenêtre grande ouverte. Arwen joue avec la complicité du violoncelle, faisant vibrer l’appartement, l’immeuble lui-même ce met à l’unisson. Jérôme peux contempler ce duo entrer en communion presque à faire l’amour et à bien y regarder, Arwen fait l’amour à l’instrument avec tant de sensualité qu’il est capable d’entendre la complainte de l’instrument. Toutes les personnes autours de la fenêtre entrent en symbiose avec cette mélodie séduisante, ensorcelante.

Une légère brise entre par la fenêtre faisant onduler les cheveux d’Arwen, sentant cette douceur sur son visage lui rappelant le souffle de Mélissa sur sa joue.

Une porte claque violemment.

Arwen sursaute et se lève d’un coup interrompant brusquement la douce mélodie et par la même occasion la magie de l’instant, Arwen se met à pleurer et à rire en même temps.

Jérôme écarquille les yeux et se précipite sur Arwen.

- Mélissa, Mélissa, Mélissaaaaa

Un hurlement de douleur s’extirpe de la bouche d’Arwen, comprenant que sa bien aimé n’est pas la cause de ce claquement de porte et qu’elle ne se jetterait pas dans ses bras. Le cri d’Arwen ne reste pas engoncé dans L’appartement et s’échappe par la fenêtre toujours ouverte, les gens qui écoutent et entendent la douleur de la jeune prodige en ont froid dans le dos en ressentant toute la douleur de cette jeune femme.

 

Jérôme attrape Arwen et le violoncelle juste avant qu’elle ne perde connaissance.

 

Yanic Dubourg

3 décembre 2023

Liancourt saint pierre

Tag(s) : #Extrait de livre, #Fantastique, #Les voies du seigneur
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