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L'apparition ou l'expression des personnes disparues.

L'apparition ou l'expression des personnes disparues.

Ceci est la suite du texte de ''Apparition'' publié sur ce blog le 25 mai dernier, bonne lecture.

     La dernière fois qu’il s’est rendu dans une église, ce n’était pas par guetter de cœur. L’enterrement de sa femme fut un déchirement et il n’a pas vraiment prêté attention à l’architecture du bâtiment, ni d’ailleurs à ce qui se passait. Julien n’avait d’attention que pour ce cercueil où était enfermé son épouse. Les pré chis, pré chas du curé ne l’atteignait pas et encore moins cette nympho qui s’esclaffait sur son piano électronique, à beugler tout les psaumes de son répertoire.

- Loué soit le seigneur ! alléluia braillait-elle plutôt qu’elle ne chantait, et avec votre esprit, à croire que beugler si fort et si mal de cette façon, cela lui permettrait de se faire entendre et de s’octroyer les bonne grâces du seigneur.

- Mais pourquoi elle ne ferme pas sa gueule, pourquoi la laisse t-on s’époumoner comme ça, se dit Julien.

tout ce à quoi pensait Julien c’est à sa femme enfermé entre ces quatre planches et l’étroitesse de son dernier logement pour son repos éternel.

- Comment peut-on avoir un repose éternel dans un aussi petit espace. Ce dit Julien.

Il n’avait qu’une envie, la sortir de là et la déposer chez lui, dans le fond de son jardin pour qu’elle ai plus d’espace pour son repos éternel et pour qu’elle soit encore un peu auprès de lui.

- D’abord comment peut-on se reposer éternellement, ce n’est pas possible ! Foutaise.

Ses enfants sont prés de lui en cette drôle de journée ; ce n’est pas tous les jours qu’on enterre sa femme, mais tellement loin en cet instant. Un de ses fils reste prostré assis sur le bout de son banc, le regard perdu dans le vide, une de ses tantes essaie de lui parler, sans qu’il ait la moindre réaction, il reste assis sans bouger. Sa fille passe toute la cérémonie sur l’épaule de son conjoint pendant que ses enfants sont gardés tant bien que mal par leur autre grand-mère. Sa fille regrettera toute sa vie de ne pas avoir écoutée sa mère qui insistait pour qu’ils se marient.

 

« - Il faudrait que vous pensiez à vous marier, disait Marie en pliant du linge tout juste sorti du sèche-linge, se serait mieux pour vous et pour les enfants !

- Mais oui maman, je sais, mais tu connais mon opinion sur le mariage, sur l’acte en soit et puis je ne suis pas prête, on a bien le temps d’y penser.

- D’accord, mais penses-y et puis c’est plein d’avantage, fiscaux d’abord et si il devait vous arrivez quelque chose, vos enfants serons couvert ainsi que toi ou ton époux et crois moi, tu es prête sinon tu n’aurais pas eu deux beaux enfants avec lui.

- Vraiment maman, je vais y penser. »

 

Et comme d’habitude elles finissent par se prendre dans les bras afin de mettre un terme à la discussion.

Son autre fils, son aîné, pleur toute les larmes de son corps, sa femme n’arrête pas de l’embrasser pour le calmer sans pouvoir y parvenir. Ils n’ont pas encore d’enfant au grand d’âme de sa mère et de Julien qui désespèrent de voir un jour un petit fils ou une petite fille de se gamin qui a fait les quatre cent coups et qui a eu du mal à trouver chaussure à son pied, l’ayant trouvé en cette femme qui partage sa vie maintenant.

 

La suite de la cérémonie se déroule à l’extérieur dans le cimetière. Devant le trou béant que forme le caveau, personnes ne dit un mot, à part un ou deux reniflements, tout le monde attend que le curé finisse ses bénédicités pour effectuer un dernier au revoir à Marie. Julien se demande pourquoi dieu , s’il existe vraiment et dans son infinie bonté, a t-il eu besoin de rappeler Marie aussi tôt, « c’est juste pour me faire chier, j’en suis sûr ».

À la fin de la cérémonie les porteurs s’approchent du cercueil, plaçant des cordes sur les poignées, pour permettre de faire descendre la boite au fond du caveau. Le plus jeune des fils de Julien se met à crier, lui qui n’avait, jusque là, émis aucun pleurnichement, aucune revendication, pas le moindre mot ou la moindre exigence, se met à crier et à se jeter sur le cercueil.

- Nan ! Nan ! Nan ! Pas maintenant, Pas maintenant ! Encore un peu, s’il vous plaît. Juste encore un peu, encore quelques minutes. S’il vous plaît

Julien n’a pas la force de le rattraper, ni le courage non plus, c’est son fils aîné qui le relève et le prend dans ses bras pour à son tour essayer de le calmer.

 

Depuis, Julien reste inconsolable.

 

     Ce que lui avait dit Daniel, dans leur dernière conversation, l’avait obligé à se poser un tas de question, notamment sur le fait de croire, croire en quelque chose, croire en quelqu’un ou même, tout simplement, croire en soi. Julien a donc décidé de se rendre dans cette église afin, peut-être de trouver des réponses. Il sait pourtant l’importance pour des croyants de se rendre dans ces lieux de culte et de communier avec des prétendus élévations divines, ou n’importe quel représentant céleste, sachant que la plupart de ces croyants n’ont reçus aucune réponse de l’au-delà ; tout du moins pas directement. Julien entre dans l’église sans savoir ce qu’il cherche, une réponse ? du réconfort ? Une rencontre ? En entrant dans l’église, Julien est saisi par la fraîcheur qui règne dans l’édifice, il ne se rappel pas avoir eu cette sensation quelques semaine plutôt, il faut dire que les circonstances ne lui prêtait pas l’attention qu’il peut avoir aujourd’hui. Julien remonte l’allée centrale faisant, cette fois-ci, plus attention à l’architecture de l’édifice. Quelques personnes se trouvent là, certain assis la tête baissée et les yeux fermés ; Julien se dit qu’ils pourraient peut-être piquer un petit roupillon et que personne ne s’en apercevraient, tandis que d’autre sont à genoux sur des pries dieu, les mains jointes tout en regardant jésus sur sa croix juste en face d’eux. Julien remonte l’allée doucement en regardant les quatorze stations du chemin de croix de jésus, sept à gauche de l’allée en remontant jusqu’à la croisée et sept à droite en descendant vers la sortie. Julien arrive à la septième station et se tourne vers la huitième pour continuer de suivre le déroulement du chemin de croix et se dit au passage qu’une fois au bout de la quatorzième, il sortirait gentiment ; il est venu pour voir et comme pour lui il n’y a rien à voir, mis à par l’édifice et les quatorze stations, qu’il avait déjà vu ailleurs dans une autre église quand il était jeune, certainement avec ses parents, et c’est la seule chose qu’il se souvienne, ces stations. Alors qu’il se tourne vers la huitième stations, ses yeux sont attirés par une silhouette de femme assise dans le transept, les jambes croisées, regardant une toile de ‘‘la vierge à l’enfant’’. Malgré les températures automnales et la fraîcheur de l’église, la femme était vêtue d’une simple robe blanche avec des imprimés de fleurs bleues. Julien reconnaît instantanément la femme assise dans le transept, il a la gorge serré et ses jambes semblent se dérober, Julien se tourne un instant, juste un clignement de paupière, pour s’assurer qu’il pose bien son séant sur le banc et l’instant suivant la femme n’est plus là, ni dans l’allée, ni dans l’autre transept, elle sait littéralement volatilisée ; Julien en est certain, c’était Marie assise là à contempler le tableau de la vierge à l’enfant.

 

Julien pose sa tête dans ses mains et pleur doucement.

 

- Bonjour Julien.

Julien relève la tête vers son interlocuteur reconnaissant le curé de la paroisse, Julien est un peu déçu, il aurait presque préféré voir Daniel devant lui dans une telle situation. Le curé s’assoit à côté de Julien.

- Vous êtes bien Julien, je vous reconnaît, nous avons inhumé votre épouse Marie il y a de cela quelques semaines, n’est-ce pas ?

- C’est une vraie question ou simplement une rhétorique, le curé sourit.

- Daniel m’a prévenu que vous passeriez...aujourd’hui pour être précis, oui...il m’a dit que vous passeriez aujourd’hui, vous voyez je n’ai pas voulu le croire.

- Et je peux savoir ce qui vous fait croire qu’il avait raison ?

- Il m’a dit que vous seriez assis sur ce banc…à cet endroit exactement...et que vous pleuriez assis à cet endroit et moi, moi qui suis un homme d’église, je n’ai pas voulu le croire, j’ai cru à des facéties, une mauvaise farce d’un pauvre bougre.

- Et bien ! Ce Daniel est d’une clairvoyance incontestable et que vous a t-il dit d’autre ? Que j’ai cru voir ma femme assise dans ce transept à contempler la toile de ‘‘la vierge à l’enfant’’ il y a quelques minutes.

- Il ne m’a rien dit à ce sujet, il m’a simplement dit de vous écouter.

- De m’éc...Julien manque de peu de gueuler et se ravise, de m’écouter, je commence à en avoir ras le bol de tous ces gens qui sont prêt à me prêter une oreille attentive pour pouvoir m’écouter. Et qu’est-ce que je pourrais vous dire d’abord que vous ne sachiez déjà.

- J’ai bien conscience que je ne suis pas à même de pouvoir vous réconforter…

- Je n’ai pas besoin que l’on me réconforte, chaque jour des personnes bien intentionnées viennent frapper à ma porte m’apporter à manger sous prétexte de venir me consoler ou venir voir à quelle vitesse je sombre.

- Et que recherchez vous alors, pour que vous veniez dans cette église si ce n’est du réconfort.

- Je ne sais pas, j’ai écouté bêtement Daniel et maintenant je me retrouve assis là avec vous à pleurnicher. J’ai cru un instant revoir ma femme, je crois même avoir senti son parfum en entrant dans l’église, simple illusion. Vous voyez, je veux la revoir, mais ça c’est impossible, mais je ne veux surtout pas l’oublier, je veux encore sentir son odeur, sentir sa présence, voir son sourire, sentir son corps, vous comprenez !

- Vous savez Julien, tous ces gens qui viennent ici prier, sont tous à vouloir rester en contact avec quelqu’un et il sont tous à vouloir revoir cette personne une fois le moment venu.

- Vous savez que je ne crois pas en toutes ces sornettes, n’est-ce pas mon père.

- Je ne le sais que trop peu, d’ailleurs c’est pour cette raison que vous vous retrouvez assis avec moi au beau milieu de notre église.

À ces mots, Julien à un moment de réflexion, presque un moment d’absence, il se demande ce qu’il fait ici, si c’est par choix ou par obligation. Daniel ne lui a pas expressément dépêché de venir dans cette église et même s’il l’avais fait, pour quelle raison, pour revoir sa femme, mais alors pourquoi dans une église et pourquoi pas dans le cimetière se serais plus logique. Perdu dans ses pensées, il s’attarde sur le christ juché sur sa croix, puis son regard fait le tour de l’édifice sans regarder quelque chose de bien précis. Il n’écoute plus le curé déblatérer son laïus sur le fait de ce retrouver seul, que le deuil peut avoir des conséquence sur sa vie et sur son avenir et qu’il peut avoir une durer plus ou moins longue suivant le cocon familial et les effets sur son entourage et blablabla et blablabla…

- ... perte d’un proche peut s’apparenter à une rupture, il faut du temps pour s’en…

- Vous êtes sérieux dans dans vos propos, vous comparez la mort à une rupture, c’est quand même légèrement différent, non !

- Et en quoi est-ce légèrement différent ?

- Heu ! Je dirais que c’est quand même un tout petit peu plus brutal voir même violent, vous ne croyez pas. Bon ! je ne comprend pas ce que je fais ici et cette conversation ne mène nul part, au revoir mon père.

- Mais je ne voulais pas…

Julien empreinte l’allée centrale sans laisser le temps au curé de finir sa phrase se dirigeant vers la sortie et aperçoit de dos, la femme avec la robe blanche imprimé de fleurs bleues, juste le temps de la voir s’engouffrer par les sas se trouvant devant la porte principale. Julien presse le pas et à son tour sort de l’édifice. Le parvis est immense et inondé de soleil, quelques boutiques se trouvent à l’extrémité pour encercler l’esplanade. Julien met sa main sur ses yeux en guise de visière, scrutant les alentours à la recherche de la femme, qui s’est de nouveau volatilisée.

- Décidément, c’est une coutume de disparaître de cette façon.

Yanic Dubourg

17 décembre 2023

Liancourt Saint Pierre

Tag(s) : #Extrait de livre, #Fantastique, #Apparition
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